Au final d’une des nombreuses revues marseillaises
dont elle fut la vedette, Milly Mathis esquisse en scène quelques
pas de danse avec Fernand Sardou, son partenaire. En coulisses, la fantaisiste
Paulette Zoïga commente : « Vé, les petits poids à
l’étouffée ! ». Il est vrai que Fernand est rien
moins que svelte, mais Milly, elle, est carrément corpulente et
fière de l’être, car ses sympathiques rondeurs contribueront
pour l’essentiel à sa popularité au long d’une riche carrière
tant sur les planches qu’à l’écran. De plus, Émilienne
Pauline Tomasini a « l’accent » du Midi, car elle est née
à Marseille, le 8 septembre 1901. Aussi, la voix haut perchée,
volubile, l’œil tour à tour tendre, furieux ou malicieux, fut-elle
l’interprète idéale de Marcel Pagnol depuis MARIUS, au cinéma,
où elle incarne la tante Claudine, jusqu’à “Fabien”, au théâtre,
en 1956, où elle joue Milly, le rôle le plus important de
sa carrière, en passant par FANNY et CÉSAR, sur scène
comme à l’écran, par TOPAZE, où elle est la comtesse
Pitart-Vergniolles, et MANON DES SOURCES – où son mari, interprété
par Blavette, la qualifie de « grosse coucourde » – entre
autres films et créations théâtrales qui restent
parmi les meilleures de ses très nombreuses prestations. Milly
Mathis n’était pas seulement comédienne, elle était
aussi chanteuse. Parmi les chansons créées dans ses tours
de chant au cabaret, « Ah ! Que c’est bon la bouillabaisse ! »,
interprétée en duo avec Jean Sablon, demeure son plus grand
succès. Au théâtre, outre les pièces de Pagnol,
elle se produit, en 1934, dans la revue de Saint-Granier, “On aura tout
vu” ; en 1938, elle est au Cirque d’Hiver, dans “L’Idole de Shanghaï”.
Après la guerre, on la verra, entre autres, dans “Le Paradis d’Allah”,
à l’Alcazar de Marseille, aux côtés de Reda Caire,
puis, en 1958, dans “Au Pays du soleil”, en compagnie de Rellys. Et c’est
dans le milieu du music-hall qu’elle trouvera son époux, le chanteur
et fantaisiste Max Intart, comme elle Marseillais de pure souche.Avec ses
bonnes joues rebondies, son opulente poitrine et ses rires perlés,
Milly Mathis est la nourrice idéale : CAVALCADE D’AMOUR, LE MOULIN
DANS LE SOLEIL, MÉLODIE POUR TOI en ont administré la preuve.
Sa forte taille ceinte d’un grand tablier immaculé, elle incarne
aussi la cuisinière type, aux fourneaux pour mijoter des plats ensoleillés
: BLANCHETTE, LA FESSÉE, JACQUES ET JACOTTE, PIÈGES, LA TROISIÈME
DALLE, TOURBILLON DE PARIS. Naturellement curieuse et bavarde, elle fait
une excellente concierge, dans LA CRISE EST FINIE, GRAND-PÈRE, UN
MEURTRE A ÉTÉ COMMIS. Elle en impose derrière un comptoir,
accueillante et l’œil à tout, en buraliste (GARGOUSSE), en pharmacienne
(LA MERVEILLEUSE JOURNÉE), en caissière (AVEC LE SOURIRE).
Elle ne fut pas seulement une « silhouette », ne serait-ce que
sous la direction de Marcel Pagnol, qui l’aimait et l’admirait. Elle eut
aussi de « grandes scènes », dans TARTARIN DE TARASCON,
LÉGIONS D’HONNEUR et UN CARNET DE BAL, trois films où elle
rivalisait de cabotinage avec un expert en la matière, un Raimu aussi
tonitruant et paroxystique qu’elle. Mais elle n’a fréquenté
qu’exceptionnellement le haut de l’affiche et, seulement, dans des œuvrettes
sans ambition comme PRENEZ GARDE À LA PEINTURE, où elle est
Héloïse, l’épouse du docteur Gadarin qu’incarne Aquistapace,
la vedette du film. LE CHARCUTIER DE MACHONVILLE lui donnera une autre occasion
d’interpréter un premier rôle. Elle y est Madame Grasalard
(!) et son mari, le charcutier qui la trompe avec une svelte jeunesse, n’est
autre que Bach, le comique troupier du cinéma français des
années 30. Milly Mathis est décédée à Salon-de-Provence
le 30 mars 1965.
1930
MÉPHISTO (Henri Debain, Nick Winter, René Navarre). 1931 MARIUS (Alexandre
Korda) - LE ROI DU CAMEMBERT (Antoine Mourre).
1932 FANNY (Marc Allégret) A - LA MERVEILLEUSE JOURNÉE
(Robert Wyler, Yves Mirande) - SIMONE EST COMME ÇA (Karl Anton)
- MAQUILLAGE (Karl Anton) - MOUNE ET SON NOTAIRE (Hubert Bourlon) - MADAME
SALAMANDRE, VOYANTE (Jean Margueritte, c.m.) - CHASSÉ-CROISÉ
(Maurice Diamant-Berger, c.m.). 1933 PRENEZ
GARDE À LA PEINTURE (Henri Chomette) - AH ! QUELLE GARE ! (René
Guissart) - L’ILLUSTRE MAURIN (André Hugon) - DU HAUT EN BAS (Georg
Wilhelm Pabst) - C’ÉTAIT UN MUSICIEN (Fred Zelnik, Maurice Gleize)
- D’AMOUR ET D’EAU FRAÎCHE (Félix Gandéra) - LA PRISON
DE SAINT- CLOTHAIRE (Pierre-Jean Ducis, c.m.). 1934
TARTARIN DE TARASCON (Raymond Bernard) B - LAC
AUX DAMES (Marc Allégret) - LA CRISE EST FINIE (Robert Siodmak) -
LE SCANDALE (Marcel L’Herbier) - DEUX MILLE DEUX CENT VINGT-DEUX CF2 (Victor
de Fast, c.m.) - SERIE 7 N°77777 (Victor de Fast, c.m.). 1935 JUSTIN DE MARSEILLE (Maurice Tourneur) - AMANTS
ET VOLEURS (Raymond Bernard) - LUNE DE MIEL (Pierre-Jean Ducis) - BOUT DE
CHOU (Henry Wulschleger) - JUANITA (Pierre Caron) - GASPARD DE BESSE (André Hugon) - ARÈNES
JOYEUSES (Karl Anton) C - SUIVEZ LE GUIDE (Jean de Marguenat, c.m.) -
LA MAIN PASSE (André Hugon, c.m.) D - À LA MANIÈRE
DE… (Paul Laborde, c.m.) - AMERICAN BAR (Andrew F. Brunelle, c.m.). 1936 GIGOLETTE (Yvan Noé) - LA PETITE DAME
DU WAGON-LIT (Maurice Cammage) - L’ÉCOLE DES JOURNALISTES (Christian-Jaque)
- AVEC LE SOURIRE (Maurice Tourneur) - PRÊTE-MOI TA FEMME (Maurice
Cammage) - ENFANTS DE PARIS (Gaston Roudès) - JACQUES ET JACOTTE
(Robert Péguy) - NOTRE-DAME D’AMOUR (Pierre Caron) - LE MIOCHE (Léonide
Moguy) - CÉSAR (Marcel Pagnol). 1937 BLANCHETTE (Pierre Caron) - LA MAISON D’EN FACE
(Christian- Jaque) - PRENDS LA ROUTE (Jean Boyer) - LA FESSÉE (Pierre
Caron) - UN CARNET DE BAL (Julien Duvivier)
- LIBERTÉ (Jean Kemm) - REGAIN (Marcel Pagnol) - FRANCO DE PORT
(Dimitri Kirsanoff) - LES GANGSTERS DE L’EXPOSITION (Émile G. de
Meyst) - UN MEURTRE A ÉTÉ COMMIS (Claude Orval) - LA ROSE
EFFEUILLÉE (Georges Pallu). 1938 NUITS DE PRINCE (Wladimir Strijewski) - UN
SOIR À MARSEILLE (Maurice de Canonge) - J’ÉTAIS UNE AVENTURIÈRE
(Raymond Bernard) - LÉGIONS D’HONNEUR (Maurice Gleize) - GARGOUSSE
(Henry Wulschleger) - TROIS ARTILLEURS À L’OPÉRA (André
Chotin) - CHAMPIONS DE FRANCE (Willy Rozier). 1939
LE MOULIN DANS LE SOLEIL (Marc Didier) - GRAND-PÈRE (Robert Péguy)
- PIÈGES (Robert Siodmak) - JEUNES FILLES EN DÉTRESSE (Georg
Wilhelm Pabst) - TOURBILLON DE PARIS (Henri Diamant-Berger) - UNE MAIN
A FRAPPÉ (Gaston Roudès) - VOUS SEULE QUE J’AIME (Henri
Fescourt). 1940 CAVALCADE D’AMOUR (Raymond
Bernard) - LA FILLE DU PUISATIER (Marcel Pagnol)
B - LA NUIT MERVEILLEUSE (Jean-Paul Paulin) - CHAMBRE 13 (André Hugon,
sorti en 1942) - LA TROISIÈME DALLE (Michel Dulud). 1941 PARADE EN SEPT NUITS
(Marc Allégret) - TROIS ARGENTINS À MONTMARTRE (André
Hugon) - UN CHAPEAU DE PAILLE D’ITALIE (Maurice Cammage). 1942 MÉLODIE POUR TOI (Willy Rozier) - CAP
AU LARGE (Jean-Paul Paulin) - SIMPLET (Fernandel). 1944 COUP DE TÊTE (René Le Hénaff).
1945 BIFUR 3 (Maurice Cam). 1947 LE CHARCUTIER DE MACHONVILLE (Vicky Ivernel).
1948 LE VOLEUR SE PORTE BIEN (Jean Loubignac)
- TOUTE LA FAMILLE ÉTAIT LÀ (Jean de Marguenat). 1949 LA VIE EST UN RÊVE (Jacques Séverac)
- RONDE DE NUIT (François Campaux). 1950
ENVOI DE FLEURS (Jean Stelli) A - LE TRÉSOR DE CANTENAC (S. Guitry).
1951 BIBI FRICOTIN (Marcel Blistène)
- TOPAZE (Marcel Pagnol) - LE BAGNARD (Willy Rozier). 1952 BOUQUET DE JOIE (Maurice Cam) - CE COQUIN D’ANATOLE
(Émile Couzinet) - LE PASSAGE DE VÉNUS (Maurice Gleize) -
AU PAYS DU SOLEIL (Maurice de Canonge) - LES AMANTS MAUDITS (Willy Rozier)
- VOL AVEC EXTRACTION (Léo Sevestre, c.m.). 1953 MANON DES SOURCES (Marcel Pagnol) - DES QUINTUPLÉS
AU PENSIONNAT (René Jayet). 1954 TROIS
JOURS DE BRINGUE À PARIS (Emile Couzinet) - LE COLLÈGE EN FOLIE
(Henri Lepage). 1956 TROIS DE LA CANEBIÈRE
(Maurice de Canonge). 1957 TROIS DE LA MARINE
(Maurice de Canonge) - NOUS AUTRES À CHAMPIGNOL (Jean Bastia) - LA
BLONDE DES TROPIQUES (André Roy). 1958
ARÈNES JOYEUSES (Maurice de Canonge) - L’EAU VIVE (François
Villiers) - LE DÉSERT DE PIGALLE (Léo Joannon) C. 1960 BUSINESS (Maurice Boutel).
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