Le film s’inscrivait dans une
tendance du cinéma français de l’Occupation : l’adaptation
littéraire, avec auteur (Balzac) et adaptateur (Pierre Benoît)
de renom, offrant une estampille culturelle. Il aurait dû être
réalisé par un jeune cinéaste, Jacques Becker, qui
se désista après un vif désaccord avec Raimu et signa
à la place GOUPI MAINS ROUGES, qui le rendit célèbre.
Dans «La France de Vichy et son Cinéma» (Ed.
Henri Veyrier, 1981), Jacques Siclier évoque cette mode des adaptations
littéraires de prestige. Entre 1942 et 1944, il y eut ainsi six
autres films s’inspirant de Balzac : LA DUCHESSE DE LANGEAIS, de Jacques
de Baroncelli, écrit par Jean Giraudoux; LA FAUSSE MAÎTRESSE,
dans une version modernisée par André Cayatte; VAUTRIN, de
Pierre Billon, sur un scénario de Pierre Benoît, encore, puisant
dans plusieurs titres de Balzac; UN SEUL AMOUR, de Pierre Blanchar, d’après
«La Grande Bretêche»; LA RABOUILLEUSE, de Fernand Rivers
et enfin LE PÈRE GORIOT, de Robert Vernay.
Paris, sous la Restauration. Alors que le comte Ferraud part pour
une mission à l’étranger, la comtesse, qui reste seule avec
ses deux enfants, confie ses inquiétudes à son intendant Delbecq
: le comte, qui l’a épousé pour sa fortune, devient de plus
en plus distant, mais surtout le colonel Chabert, son premier mari, qu’on
croyait mort à Eylau en 1807, dix ans auparavant, et dont elle a
hérité, est réapparu, avec la prétention de
retrouver ses droits. Delbecq tente de faire passer le revenant pour un
imposteur et de l’enfermer dans un asile, mais le vieil homme déjoue
le piège et s’enfuit. Chabert se rend chez son avoué, Derville,
qui est également celui de la comtesse, et raconte ses tragiques
aventures : le soldat dévoué à Napoléon, anobli
par lui, l’horreur de la bataille d’Eylau, la fausse mort, la grave blessure
qui l’a laissé manchot, la guérison et le retour, aujourd’hui,
vers sa femme et sa maison. Impressionné, Derville se met à
son service et organise une rencontre avec la comtesse Ferraud dans son
étude. La comtesse feint de ne pas reconnaître son ex-mari
mais surtout refuse un arrangement financier. Furieux, Chabert lui rappelle
qu’il l’a connue prostituée et lui a donné un rang. La comtesse
s’en va mais l’attend dehors, tente de l’amadouer, lui montre la complexité
de sa situation et ses responsabilités de mère de famille.
Elle lui propose un séjour à la campagne. Le vieil homme apprécie
une hospitalité qui lui semble chaleureuse. Mais il comprend vite
que la comtesse manigance un projet avec Delbecq pour l’écarter et
le tromper. Chabert refuse tout compromis jugé par lui déshonorant
et part écœuré. Il abandonne le désir d’être
réintégré dans ses droits et devient mendiant. Quelques
années plus tard, Derville le retrouve par hasard à l’hospice
de Saint-Denis. Chabert déchire les papiers officiels qui permettraient
sa réhabilitation et reste là, dans la cour, tout au souvenir
de sa gloire, d’Eylau, de la charge de ses cavaliers…
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