Actrice française - de son véritable nom, Léonie Bathiat - née a Courbevoie, le 15 mai 1898, d'une mère lingère et d'un père auvergnat conducteur de tramways. Un jour, par hasard dans la rue, elle rencontre Paul Guillaume, l'homme qui imposa l'Art Nègre et le Cubisme. Il conseille à la future Arletty de tenter sa chance au théâtre et lui donne une lettre de recommandation pour le directeur du Théâtre des Capucines. Ce dernier l'engage dans un emploi très précis à l'époque : "petite femme de revue". En souvenir d'une héroïne de Maupassant, Léonie décide de s'appeler Arlette. Puis, à l'instigation de Tristan Bernard, dont elle sera l'interprète, elle mettra un i au bout, puis transformera le i en y pour faire plus "chic anglais up to date". En 1930, le cinéma parlant commence à s'imposer en France, Arletty qui avait toujours refusé de tourner dans les films muets, accepte un petit rôle dans un film de René Hervil LA DOUCEUR D'AIMER aux côtés de Victor Boucher. Arletty se trouve "horrible et mal photographiée", et décide de ne pas renouveler l'expérience. En 1935, Arletty joue un rôle épisodique mais très remarqué : "Parasol" dans PENSION MIMOSAS. Ce film est réalisé par Jacques Feyder qui a comme assistant Marcel Carné. Trois ans plus tard, Carné la dirige dans un film qui l'impose définitivement vedette, c'est HÔTEL DU NORD où elle lance sa fameuse réplique signée Henri Jeanson : "Atmosphère ! " Ce dernier dira : "Elle en a fait un monde. Une légende, un mythe. Ce mot elle l'a rendu célèbre à Londres, aux États-Unis, au Japon, en Chine... et ce qui est bien plus difficile, à Paris". Quant à la comédienne, elle déclare, quarante ans plus tard : "Je l'ai revu ce film, rien n'y est démodé, pas une phrase, pas un mot... Et mon rôle était vraiment un des plus beaux que puisse espérer une actrice. Une perfection. C'est comme une musique : "Il n'y a rien à en retirer, rien à y remettre... " (in "Arletty". Éd. Calmann Levy, 1959). En 1939, Jacques Prévert la révèle sous un jour différent en lui composant le rôle de Clara du JOUR SE LÈVE (autres vedettes, Jean Gabin et Jules Berry) à nouveau sous la direction de Carné. Toutefois, elle ne tient pas à s'enfermer dans un emploi dramatique et, la même année, tourne deux comédies aux côtés de Michel Simon : FRIC-FRAC - qu`ils ont créé ensemble au théâtre - et CIRCONSTANCES ATTÉNUANTES. En 1941, Arletty tourne MADAME SANS-GENE, un rôle qui semble écrit pour elle. À ses côtés un comédien débutant joue un petit rôle : c'est Alain Cuny avec qui elle partage la vedette l'année suivante dans LES VISITEURS DU SOIR où elle retrouve le tandem Carné-Prévert. Ce film consacre Arletty " Star". Dès l'année suivante, toujours avec le tandem Carné-Prévert et une distribution plus prestigieuse encore, elle interprète " Garance ", de ses aveux, le plus beau rôle que l'on ait écrit pour une femme dans le film, peut-être, le plus célèbre de l'histoire du cinéma français : LES ENFANTS DU PARADIS. Nous sommes en 1943, pour des raisons que l'on devine le tournage connaît quelques difficultés et le film ne verra le jour qu'au début de 1945 alors qu'Arletty est en résidence surveillée. En 1947 elle entreprendra un nouveau film, toujours avec le même tandem précité : LA FLEUR DE L'ÂGE. Mais ce film ne verra jamais le jour : la production fait faillite. Pour des raisons un peu identiques le film qu'elle commencera l'année suivante avec Pierre Dudan : BUFFALO BILL ET LA BERGÈRE, subira le même sort. C'est en 1949 qu'Arletty fera sa rentrée sur les écrans avec PORTRAIT D'UN ASSASSIN. Le film, en dépit d'une distribution remarquable : Pierre Brasseur, Erich von Stroheim, Dalio, etc., ne connaît qu'un relatif succès. Elle semble prendre sa revanche avec le théâtre où son éclectisme la pousse à jouer deux pièces de Tennessee Williams : en 1950 " Un Tramway nommé Désir " dans une mise en scène de Raymond Rouleau et, en 1959, " La Descente d'Orphée". Entretemps, une revue à l'Empire où elle fait une mémorable imitation de Piaf. GIBIER DE POTENCE, d'après un roman de Curtis, HUIS CLOS d'après Sartre et L'AIR DE PARIS où elle retrouve Gabin et Carné, mais sans Prévert, sont les derniers films qui attirent l'attention sur elle. Un grave accident des yeux la contraint d'abandonner les studios. Sa dernière apparition au cinéma : LE VOYAGE À BIARRITZ où elle retrouve Fernandel et Roger Hubert, directeur de la photographie. Arletty est morte le 23 juillet 1992 à Paris.
 

1930 LA DOUCEUR D'AIMER (René Hervil). 1931 UN CHIEN QUI RAPPORTE (Jean Choux) - MAIS NE TE PROMÈNE DONC PAS TOUTE NUE (Leo Joannon, c.m.). 1932 FEU LA MÈRE DE MADAME (Germain Fried, c.m.) - ENLEVEZ-MOI (Léonce Perret) - LA BELLE AVENTURE (Reinhold Schunzel). 1933 UNE IDÉE FOLLE (Max de Vaucorbeil) - UN SOIR DE RÉVEILLON (Carl Anton) - JE TE CONFIE MA FEMME (René Guissan) - LA GUERRE DES VALISES (Ludwig Berger). 1934 LE VOYAGE DE MONSIEUR PERRICHON (Jean Tarride). 1935 PENSION MIMOSAS (Jacques Feyder) -LA FILLE DE MADAME ANGOT (Jean Bemard -Derosne) - AMANTS ET VOLEURS (Raymond Bernard) - LE VERTIGE (Paul Schiller). 1936 LA GARÇONNE (Jean de Limur) - LE MARI RÊVÉ (Roger Capellani) - FAISONS UN RÊVE (Sacha Guitry) - AVENTURE À PARIS (Marc Allegret). 1937 MESSIEURS LES RONDS DE CUIR (Yves Mirande) - ALOHA. LE CHANT DES ÎLES (Léon Mathot) - LES PERLES DE LA COURONNE (Sacha Guitry et Christian Jaque) - DÉSIRÉ (Sacha Guitry) - MIRAGES (ou : SI TU M'AIMES) (Alexandre Ryder). 1938 LE PETIT CHOSE (Maurice Cloche) - LA CHALEUR DU SEIN (Jean Boyer) - HÔTEL DU NORD (Marcel Carné). 1939 LE JOUR SE LÈVE (Marcel Carné) A - FRIC-FRAC (Maurice Lehmann, Claude Autant-Lara) B - CIRCONSTANCES ATTÉNUANTES (Jean Borer). 1940 TEMPETE (Dominique Bernard-Deschamps). 1941 MADAME SANS-GENE (Roger Richebé). 1942 LA FEMME QUE J'AI LE PLUS AIMÉE (Robert Vernay). BOLÉRO (Jean Boyer) - L'AMANT DE BORNÉO (Jean-Pierre Feydeau)  - LES VISITEURS DU SOIR (Marcel Carné). 1945 LES ENFANTS DU PARADIS (Marcel Carné) .1949 PORTRAIT D'UN ASSASSIN (Bernard-Roland). 1951 GIBIER DE POTENCE (Roger Richebé). 1952 L'AMOUR MADAME (Gilles Grangier). 1953 LE PÈRE DE MADEMOISELLE (Marcel L'Herbier) - LE GRAND JEU (Robert Siodmak). 1954 HUIS CLOS (Jacqueline Audry) - L'AIR DE PARIS (Marcel Carné) .1956 MON CURÉ CHEZ LES PAUVRES (Henri Diamant-Berger). 1957 VACANCES EXPLOSIVES (Christian Stengel). 1958 LE PASSAGER CLANDESTIN (Ralph Habib) - ET TA SŒUR (Maurice Delbez) - DRÔLE DE DIMANCHE (Marc Allégret) - MAXIME (Henri Verneuil). 1961 LES PETITS MATINS (ou : MADEMOISELLE STOP) (Jacqueline Audry). 1962 LA GAMBERGE (Norbert Carbonneaux) - LA LOI DES HOMMES (Charles Gérard) - LE JOUR LE PLUS LONG (The Longest Day, Darryl Zanuck). 1963 TEMPO DI ROMA (Denys de la Patellière) - LE VOYAGE À BIARRITZ (Gilles Grangier).

Copyright  www.mcinema.com